Mes enfants consomment-ils des drogues ?
Tous les parents se posent un jour la question de savoir si leurs enfants consomment des drogues. Les statistiques ne sont pas là pour rassurer puisque en France, plus de 80% des garçons et près de 50% des filles y ont goûtées au moins une fois.
Il y a effectivement des symptômes de consommation de drogue. C'est plutôt affaire de spécialistes. Disons que le cannabis (ou marijuana ou shit) donne facilement les yeux rouges et dégage une odeur de fumé bien différente du tabac.
L'héroïne ou la cocaïne donnent tantôt des pupilles très serrées ou très dilatées selon le produit, selon que la personne vient d'en prendre ou en contraire est en état de manque.
Tous ces produits ont tendance à libérer l'adolescent qui apparaît verbalement "un peu trop facile", parfois un peu somnolent. On note souvent une augmentation de la vie et des sorties nocturnes au détriment de la vie le jour.
Accessoirement, il ne faut pas négliger les autres drogues comme les médicaments pris abusivement, ou l'alcool, qui souvent ont la même signification.
S'inciser par une démarche policière dans la vie d'un adolescent n'est pas une bonne pratique car elle braque l'adolescent de façon très durable. Se poser la question de la prise éventuelle de drogue est par contre une inquiétude positive et potentiellement constructive. Il y a 3 autres questions à se poser. Ces questions amèneront des conduites plus constructives et qui ne risqueront pas d'aboutir à des impasses:
- Pourquoi mon enfant se droguerait-il ?.
- Pourquoi est-ce que je me pose cette question aujourd'hui ?
- Me donne-t-il des messages attestant qu'il se drogue ou qu'il va mal ?.
C'est volontairement que cette question de "mon enfant se drogue-t-il" est traité extrêmement succinctement, car ce n'est pas le fond du problème et un parent qui va chercher absolument à mettre en évidence une consommation, va passer à côté de beaucoup de choses plus graves, comportementales, qui ont fait le nid de ce mal être et peut-être d'une toxicomanie ou d'une anorexie ou d'une dépression.
Il importe déjà de parler librement des drogues et de leurs risques, d'en parler tôt, dès les petites classes, de parler de tout à ses enfants.
Pourquoi mon enfant se droguerait-il ?.
La question de "pourquoi mon enfant se droguerait-il ?" est presque déjà une remise en question du fonctionnement antérieur de la famille. C'est aussi l'attestation du fait que l'on ne sait finalement pas tout sur son enfant, qu'il a son jardin secret, et que ce jardin secret n'est peut-être pas totalement rose. Cette attestation est spécifique de l'enfant et d'un mal être qui l'habite peut-être, et qui est ressenti par le ou les parents.
Il existe un mal être à l'adolescent. L'enfant est en conflit avec lui-même et avec ses parents. Il a besoin d'affronter pour affirmer sa personnalité, sa différence. Cette situation est normale, elle est passagère, elle est fluctuante dans le temps, elle s'accompagne d'accès de déprime, elle n'est pas génératrice d'une toxicomanie en dehors peut-être de la tentation d'essayer ponctuellement. Le rôle éducatif que les parents ont pu jouer antérieurement sur le thème des drogues, est alors fondamental. La crise d'adolescence ne dure qu'une année ou deux, les phases de déprime ou d'agitation durent quelques semaines, elles peuvent être répétitives.
Il ne faut pas hésiter à consulter son médecin pour avis, et savoir qu'un adolescent trop calme n'est pas, pour le thérapeute, plus rassurant qu'un adolescent insupportable.
Le rôle du médecin
Le rôle du médecin va être de s'assurer que le mal être de l'adolescent n'est que lié à l'adolescence, et qu'il ne cache pas un traumatisme, une dépression, une maladie mentale. Passer à côté de cela risque de faire que le jeune "se soigne tout seul" à l'aide des psychotropes qui traînent dans la rue (les drogues), dans l'armoire à pharmacie ou le cellier des parents (médicaments, alcool). Ils peuvent aussi "se soigner" à travers des comportements comme l'anorexie mentale ou d'autres comportements violents à leur encontre ou à l'encontre des autres.
Beaucoup de situations peuvent être à l'origine d'un mal-être chez un enfant, ce peut être un deuil mal assimilé (parents, grand parents, ami), un divorce, une situation familiale douloureuse peu verbalisée (un chômage vécu comme honteux par les parents), une éducation délirante, des traumatismes physiques (coups, violences ou agressions à caractère sexuel, racket ), autant d'événements qui ne sont pas toujours connus ou perçus par la famille.
Les traductions les plus fréquentes mais non exhaustives de ces "mals-être" chez l'enfant, sont les troubles du sommeil: cauchemars persistants, somnambulisme, eurésie (pipi au lit). Ce sont aussi l'agitation, l'angoisse quand elle est perceptible, le repli sur lui-même. Aucun de ces signes n'est grave ou déterminant. Ils doivent simplement alarmer les parents qui doivent s'enquérir d'une éventuelle gravité chez un médecin.
Pourquoi est-ce que je me pose la question de la drogue chez mon enfant aujourd'hui?
A partir du moment où un parent se pose cette question, c'est que lui-même ressent un malaise face à son enfant.
En outre, à l'adolescence, la famille est obligée d'évoluer. La progéniture ne va pas rester toute sa vie chez ses parents. Cette nouvelle rupture du cordon ombilical n'est pas toujours bien acceptée par les parents. Le fait de maintenir une main mise excessive sur l'adolescent va aboutir soit à des comportements violents de sa part, soit à un repli seul ou avec l'aide de tranquillisants (les drogues haschich et héroïne s'y inscrivent comme facilitant la tolérance à ce joug familial). L'adolescent s'affranchira plus tard et la famille subira les mêmes secousses, à moins qu'elle n'ait rejeté l'enfant pour cause de violence ou de toxicomanie.
Pourquoi un parent pourrait-il ressentir un malaise qui lui serait spécifique?
Beaucoup de parents ont leurs propres problèmes et leurs propres petits troubles du comportement. Cela fait suite, comme pour leur enfant, à des déceptions, des traumatismes, des échecs mal assumés. Ils souhaiteraient plus ou moins consciemment que leur progéniture réussisse ou continue là où ils se sont arrêtés. En outre, ils ont une expérience de la vie qui leur font craindre que leurs enfants tombent dans les mêmes pièges qu'eux.
On comprend donc que l'adolescent, dans sa toute-puissance, fasse peur à ses parents.
Tout ressort et tout s'amalgame. Le jeune ne sera pas ce que les parents auraient aimé qu'il soit... Le jeune va s'engager dans des voies où certains parents auront été traumatisés. Ces épisodes font parfois même partie de leur jardin secret, et leurs comportements et exigences face aux revendications de l'adolescent deviennent alors incompréhensibles.
Là aussi le rôle du parent est de parler, et de s'expliquer sur son attitude et ses choix.
Me donne-t-il des messages attestant qu'il se drogue ou qu'il va mal?.
Les drogues ont pour caractéristique de rendre dépendant. On ne s'arrête plus comme on veut, ce n'est pas une affaire de volonté sinon on ne parlerait de "drogue" avec cette consonance de fléau.
A un moment donné, le consommateur dépendant ne va plus trouver son compte dans cet usage, pour des raisons d'état de manque, d'argent, d'évolution intellectuelle. La dépendance va faire qu'il va s'apercevoir qu'il ne peut plus s'arrêter. Les appels au secours vers les proches vont prendre forme.
Il est pas toujours facile de verbaliser un interdit comme la drogue et, le plus souvent, faute d'oser en parler, le jeune va montrer des signes d'usage.
On a affaire le plus souvent à des héroïnomanes car le haschich ne coûte pas très cher, et quand cela ne va pas ce consommateur à tendance à monter vers l'héroïne, l'alcool ou les médicaments. (Cette évolution chez les fumeurs pluri-quotidiens de haschich, est heureusement assez rare).
Les signes les plus couramment utilisés vont être les signes de l'usage. Ce peut être la découverte d'une seringue mal cachée. Ce peut être aussi des cuillères dont le dos a été chauffé avec un briquet. Ce peut être des cotons ensanglantés. Parfois le jeune expose des parties de son corps présentant des traces d'injections (hématomes, phlébites aux jambes ou aux bras plus ou moins infectées). Ce peut être aussi des tatouages qui atteste l'usage. Enfin, souvent ce peut être une tentative de suicide.
Lors de ces circonstances, le consommateur réduit son usage. Il en découle une détérioration du climat familial. Contrairement aux idées reçues, les drogues apaisent, la réduction de l'usage est toujours source d'agitation à tel point que certains parents se disent prêt à donner le produit pour avoir la paix.
Les parents ne doivent pas négliger ces "ouvertures" car ces périodes peuvent être passagères et mettre du temps à se reproduire. En temps, la souffrance et le risque mortel sont omniprésents.
Les risques des drogues illégales.
Le cannabis ou haschich ou shit ou herbe ou marijuana...
Ces termes désignent plusieurs formes d'un même produit. C'est le plus commun des produits stupéfiants.
Les risques sont très mal évalués. Ils sont multiples.
On retiendra chez les gros consommateurs (plusieurs "joints" par jour) un risque aggravé de cancers du poumon, de la langue, des voies aériennes supérieures. Ce risque est très probablement supérieur à celui du tabac et est plus précoce comme l'attestent de trop rares études américaines. Les risques de bronchite chronique, d'aggravation de l'asthme, coulent de source et se constatent aussi en médecine de ville.
On retiendra également l'aggravation de certaines maladies mentales que sont les psychoses, délires hallucinatoires et schizophrénies. Pour certains auteurs, le haschich générerait même ces maladies. En contre partie, il soulagerait les angoisses et le stress.
On retiendra également un risque accru d'accident de la voie publique (accidents de voiture). Ce risque a été évalué. Les troubles sont très différents de ceux liés à l'alcoolisme, d'où une méconnaissance de ce risque (le conducteur roule droit, mais a une perception erronée de la réalité).
Enfin on notera des comportements apathiques, végétatifs, chez les gros consommateurs. On retrouve à 25 ans des jeunes, toujours chez leurs parents, sans travail ,au RMI, sans permis, sans conjoint, devant la télévision toute la journée ou presque, et satisfaits de leur sort. L'arrêt de l'usage les fait bouger. Ils s'étonnent parfois d'être restés aussi longtemps végétatifs. Ces jeunes sont assez bien repérés par les moindres consommateurs, qui pourtant ne font pas la relation avec le haschich. Cet état est un véritable fléau dans la prise en charge sous substitution des anciens héroïnomanes, il retarde considérablement la réinsertion.
L'héroïne, les opiacés, la codeïne, la morphine...
Tous ces produits sont de la même famille.
En allant du risque moindre au plus grave.
Le risque antidouleur pour lequel on l'utilise en médecine. En consommation quotidienne, il a pour inconvénient de marquer le principal symptôme de beaucoup de maladie et d'en retarder les soins.
Les caries dentaires, elles sont spectaculaires et apparaissent au bout d'un ou deux ans d'usage intensif (1 gramme intraveineux par jour ou 2 grammes en sniff c'est à dire par le nez).
La constipation est permanente. Les douleurs de type ulcéreuses, gastriques s'expriment surtout lors du manque de produit.
L'impuissance et l'absence de règles. Cela correspond à un phénomène de misère hormonale. La peau de fane, chez la femme, les seins "tombent", chez l'homme l'impuissance est très fréquente ou se réduit parfois à des érections sans éjaculation. Ces signes disparaissent à l'arrêt de l'usage.
L'overdose. Elle correspond à un surdosage. Elle peut se prolonger jusqu'à la mort. Dans un certain nombre de cas, le jeune se réveille avec des dégâts cérébraux très importants. Ces dégâts se manifestent par des crises d'épilepsie et un déficit intellectuel définitif.
Enfin l'état de manque, pas dangereux, se caractérise par une agitation intense, des angoisses, des coliques, des crampes.
La cocaïne, le crack, les amphétamines, l'extasie.
Ces produits agissent tous au même endroit sur les neurones. Ils ont donc des effets très voisins. Ce qui les différencie, c'est la rapidité d'action, l'intensité, et le contexte d'usage.
Ces produits sont des antidouleurs avec les mêmes inconvénients que ceux évoqués pour les opiacés.
Ces produits sont des excitants. Ils stimulent le cerveau. C'est cet effet d'excitation couplé avec l'effet antidouleurs qui engendrent les accidents de "sur-régime" chez les sportifs qui en usent ou dans les "rave party"
Au niveau des vaisseaux artériels, ils tendent à les resserrer, ce qui favorise les infarctus et les ruptures hémorragiques par augmentation de la pression artérielle.
Ces produits pris régulièrement ont l'inconvénient de rendre mégalomane. Leur arrêt engendre des états dépressifs très graves, pouvant durer 6 mois et plus, et potentiellement suicidogène.
Le LSD
Ce produit, consommé sur des buvards le plus souvent, a la particularité de faire "voyager". Il est très hallucinogène. Beaucoup de gens font de "mauvais voyages" avoir. Certains en font même à distance de la prise de produit (plusieurs mois), et ne peuvent les contrôler. Les mauvais voyages aboutissent parfois à des suicides.
Parler des drogues à ses enfants
Il vaut mieux parler de la drogue aux enfants avant que n'importe qui ne leur en parle.
Chaque âge a son message.
Vous ne pourrez pas expliquer les mêmes choses à un enfant de maternelle qu'à un adolescent. Ils n'ont ni les mêmes attentes ni les mêmes potentiels.
Le jeune enfant demande surtout des normes. Cela le rassure de savoir ce qui est dangereux de ce qui ne l'est pas. Pour lui, danger est synonyme de douleurs, de maladies ou de punition. Le "rappel de la loi", même s'il ne sait pas très bien ce qu'est la loi, fait partie de ce qu'on doit lui dire. Le message tournera donc autour de "c'est pas bien, ça fait du mal, c'est interdit".
L'enfant moins jeune va avoir besoin de savoir ce qu'est une drogue et les risques de santé qui y sont attachés. Le message tournera donc autour des différentes drogues, des maladies un peu mieux détaillées, de l'interdiction légale. On abordera le concept de drogue et donc de privation de liberté par une substance, et le "qu' est ce qui amène à la drogue"
Chez l'adolescent, le libre arbitre doit être mis en avant, à travers son propre choix et l'emprisonnement chimique que peut engendrer certains produits. Là encore, et plus encore qu'avant, les racines de la toxicomanie doivent être évoquées : les violences, la dépression mais aussi la famille et ses "casseroles".
Parler de tout à ses enfants
Quand on a un patron "lunatique", il est parfois difficile pour son employer de préserver sa bonne santé mentale. Lorsque son comportement n'a rien à voir avec le travail fourni, l'aspect imprévisible de ses sauts d'humeur rend le climat professionnel lourd et désagréable.
Si chaque employé avait quotidiennement un état des lieux des problèmes aussi bien personnels que professionnels du chef, faute de le rendre aimable, cela le rendrait au moins prévisible.
La dépression, c'est entre autre une incapacité d'anticipation.
On imagine donc bien la situation d'un bambin, à qui, en qualité de parent, on ne dit rien pour le ménager. Cela ne l'empêche pas de ressentir les émotions des parents, leur stress, et de subir leurs traits d'humeur. Si vous avez un jour subit un de ces patrons lunatiques, vous devez pouvoir comprendre que trop préserver un enfant peut aboutir à des catastrophes psychologiques.
Il est donc fondamental de parler à ses enfants et de leur expliquer la vie autour d'eux, c'est à dire vos émotions et ce qui les sous-tend. Sinon vous prenez le risque soit de le voir déprimer et la dépression d'un enfant ne ressemble en rien à la dépression d'un adulte, soit de le voir se créer une réalité fictive qui va lui permettre de passer un cap difficile, mais qui risque de le handicaper plus tard.
Si l'on devait retenir un autre conseil à usage des parents, ce serait de leur rendre le monde accessible, et de ne pas leur imposer de façon plus ou moins consciente des objectifs qu'ils peineront à tenir, objectifs qui étaient probablement les vôtres et que vous n'avez peut-être pas tenus.
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