Névroses
On confond souvent névrose et personnalité névrotique. De surcroît, la structuration névrotique existe chez tout le monde et est un moteur important dans l'évolution psychique de l'individu. Pour compliquer le tout, les approches diverses de la psychologie et de la psychiatrie remettent un peu en cause la classification psychose/névrose.
Tout cela vaut bien un petit article explicatif sur ce qu'est la structuration névrotique et ce que sont les maladies névrotiques.
La structuration névrotique.
On peut considérer sans trop se mouiller que si un individu n'avait pas un minimum l'anxiété latente, il n'aurait pas de motif de se bouger en dehors des états de besoins naturels. Chaque acte non « besogneux » de la vie semble être motivé par une contrainte, ou un plaisir, ou un objectif. L'acte effectué, la contrainte, le plaisir ou l'objectif assouvi, l'individu se trouve autre chose à faire. Cela dure toute une vie.
Ce comportement permanent laborieux laisse penser qu'il y a un moteur qui pousse l'individu à bouger. Ce moteur n'est pas reconnu comme tel, et l'individu rapporte son activisme à des événements extérieurs qui ont une représentation psychique, qui imposent leurs contraintes, mais qui finalement ne sont que des rationalisations secondaires.
Alors qu'est-ce que la rationalisation secondaire ?
On peut définir la rationalisation secondaire comme un prétexte inconscient. Prenons un exemple : une personne va avoir des angoisses vespérales comme beaucoup de personnes, sans objet, c'est à dire existentielles, sans cause précise. Par un phénomène de réflexion analogique, il va rapporter ces angoisses vespérales à son contexte de vie à l'heure où il les subit. Il peut rapporter cela à son conjoint, à ses enfants ou au contenu du flash info télévisé. Selon la cause alléguée, son comportement sera très différent, s'il incrimine son conjoint, ces angoisses vespérales pourront être source de disputes. S'il incrimine les événements internationaux, il continuera à suivre les informations. S'il se sépare de son conjoint, il prendra le risque de retrouver tôt ou tard la même problématique, sauf s'il transfert ses angoisses vespérales sur le flash info.
Cette notion de rationalisation secondaire est très importante car elle met en évidence le fait que l'angoisse préexiste aux problématiques environnantes, qu'elle est un moteur important d'activité et que son activité sera directement fonction de l'interprétation qu'il aura des cause de ce phénomène anxieux. L'interprétation dépendra des circonstances et de son vécu.
Beaucoup de personnes, à travers l'apprentissage de la vie, vont mettre en place des mécanismes de défense qui lui permettront de ne pas subir cette angoisse essentielle. Ils vont la plupart du temps, déclencher des activités avant que ne survienne le raptus anxieux. Ce sera peut-être aller sur le Net, ça pourra être aussi prendre un psychotrope : l'apéritif, la cigarette.
Tout cela est tout à fait normal, ce sont les dérives qui peuvent être pathologiques.
Quant à l'essence de cette anxiété latente, c'est un vaste sujet qui trouve peut-être ses origines dans la prime enfance, à moins que bébé fasse déjà de la rationalisation secondaire sans le savoir.
La Maladie névrotique
La maladie névrotique va être caractérisée par le dérapage de ce système de fonctionnement de l'individu qu'est la structuration névrotique. Si le moteur de la structuration névrotique est l'anxiété ou l'angoisse, la principale cause et le principal symptôme de la maladie névrotique va être la perte du contrôle par le patient du symptôme « angoisse ».
Cette angoisse va s'exacerber, évoluer par crises incontrôlables, devenir ingérable et orienter le patient vers deux grands types de dérives : le repli ou la transformation de l'angoisse en un activisme pathologique, qu'il soit moteur (obsessionnel ou compulsif) ou interprétatif (hypochondrie). => voir article sur l'angoisse.
Ces transformations vont être les seuls moyens pour l'individu de rester intégré et socialisé. Le repli engendrera une perte notable des capacités de l'individu. Il réduira considérablement ses interfaces relationnelles.
La dépression ne fait pas partie de la maladie névrotique mais l'angoisse qu'elle amène en plus peut être à l'origine d'une décompensation névrotique.
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