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A propos du déremboursement de certains médicaments.Ces dernières années de façon redondante, une liste de molécules est présentée par le gouvernement en vue d’un déremboursement pour cause de « service médical rendu insuffisant ». La liste des produits est reprise par la presse grand public. Les produits sont montrés du doigt comme inefficaces et inutiles. Très régulièrement, ces produits sont testés une nouvelle fois par des experts et retrouvent de façon plus discrète leurs lettres de noblesse et leur efficacité. Il est important pour comprendre ces événements, de préciser une notion fondamentale : Il ne faut pas confondre « médicament inefficace » et médicament rendant « un service médical insuffisant ». Les gouvernants souhaitent ne rembourser que des produits offrant « un service médical rendu » suffisant à leurs yeux, et cela à partir d’une échelle de valeur scientifiquement établie. Pour situer un produit dans cette échelle de valeur, il faut tester le produit. Cela est à la charge du laboratoire qui commercialise la molécule, et cela coûte cher… Pour être plus explicite, si dans le cahier des charges d’un expert, le « service médical rendu minimum » doit être au moins de sauver des vies humaines (réduire le risque cardio-vasculaire par exemple), une molécule qui va soulager par exemple des douleurs de varices sera considérée comme inutile et inefficace. Cela ne voudra pas dire pour autant que le patient qui en usera n’en tirera pas un bénéfice en terme de confort. A l’extrême, si la politique de santé publique va dans le sens de ne plus prendre en charge que le risque vital, plus aucune des molécules qui traitent la douleur ou la toux ne sera remboursée. Les gens devront trouver d’autres systèmes pour prendre en charge ces affections (mutuelle et assurances). Si tant est que ce ne soit pas à moyen ou long terme le projet de politique de santé publique, on peut craindre quelques effets pervers dans le contexte actuel de prolifération des médicaments génériques et de réduction des marges bénéficiaires les laboratoires pharmaceutiques. En effet, un laboratoire pharmaceutique est avant tout une entreprise dont la vocation consiste de faire des profits pour lui-même et pas pour la concurrence. Beaucoup des molécules « inutiles » sont génériquées. Aucun laboratoire sensé ne paiera d’étude pour en valider le « service médical rendu ». A cela 2 raisons essentielles : - la première est que ces études profiteront à la concurrence qui pourra vendre le même produit à moindre prix car elle n’aura pas eu les frais d’expertise d’une molécule tombée dans le domaine public. - Le seconde est que la dite molécule, une fois déremboursée, pourra être vendue beaucoup plus chère : le prix d’une molécule remboursée est imposé par les organismes qui les remboursent aux patients. La grande dérive à craindre sera donc la suivante. Des molécules originales vont apparaître. Elles ne seront pas nécessairement plus efficaces que les produits actuellement incriminés, mais elles ne seront pas généricables. Le laboratoire pourra donc sans problème faire des expertises pour évaluer le service médical rendu. A terme, la molécule sera facturée beaucoup plus chère que l‘existant. Tout cela pour dire que la suppression de ces molécules se traduira à moyen terme par une augmentation des dépenses de la sécurité sociale au bénéfice de l’industrie pharmaceutique. Seule une évaluation objective des molécules tombées dans le domaine public pourra éviter ce monumental travers. Mais qui la fera ?. Actuellement, seule l’industrie pharmaceutique en a les moyens, mais pas l’intérêt.
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